«Un beau vendredi soir d’automne, nous avons enfin décidé d’inviter un couple d’amis à la maison pour souper. Je dis enfin puisque les soupers d’amis sont rares depuis la naissance de notre fille de 2 ans et demi. Bien que les premières années de sa vie aient été assez intenses, nous avons au fil du temps mis en place un système qui fonctionne pour nous, où nous avons trouvé un équilibre entre nos besoins et ceux de nos enfants.
Il est 17h30 et les invités arrivent. Les adultes se parlent entre eux, l’heure habituelle du repas est un peu retardée. Ma fille, qui est d’ailleurs très sensible, ressent qu’il y aura quelques obstacles dans son chemin avant de pouvoir se reconnecter comme elle le souhaite avec nous, ses parents, à la suite d’une longue semaine à la garderie.
Les fins de journée sont typiquement chargées d’émotions… de frustrations qui ont été accumulées tout au long de la journée et qui, une fois à la maison, peuvent normalement être déchargées.
Ce soir est toutefois différent des autres. Dans la journée, je réfléchis à quelques stratégies de distraction puisque je ne veux pas que ma fille fasse le bacon, je ne veux pas qu’elle fasse de crises. Je prépare donc tout son environnement avec ses jeux préférés, ses collations préférées et une émission de télévision. Soudainement, je réalise ce que je fais. Je prends conscience de mon insécurité et de mon malaise avec «la crise» en public. Je dis bien en public car dans ma petite routine de tous les jours, je me sens comme une capitaine dans mon bateau qui navigue la mer difficile le temps du passage de la tempête émotive. Dans ce contexte, c’est bel et bien le regard de l’autre, le jugement qui pourrait me faire sentir rejetée, qui est à la base de mon sentiment d’anxiété.
À la suite de cette prise de conscience, je choisis de lean in : oui, préparer l’environnement pour faciliter ce qu’il y a de nouveau, mais surtout me rappeler que la crise va probablement survenir, qu’elle est normale et que je vais poursuivre dans la gestion de celle-ci comme s’il y avait juste moi et ma fille. Bref, faire appel à ma capitaine de navire interne.
Et voilà, quelques minutes après l’arrivée de nos invités, je vois dans les yeux de ma petite l’augmentation de sa frustration, de son irritabilité. Je m’avance vers elle, je crée notre bulle et j’invite ses larmes. Bien que je sois contente de mon intervention, ma plus grande fierté est liée à mon aise avec sa crise… ne pas vouloir l’arrêter et accepter sa présence peu importe le contexte.»
Et toi, as-tu parfois un malaise avec les pleurs de ton enfant? D’où vient-il?
Krysta Letto, M.Sc.
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