Chaque enfant est unique. Chaque enfant est doté de sa propre personnalité avec des intérêts, des forces et des faiblesses qui diffèrent.
Une partie de ce qui influence l’intensité du désordre naturel de la petite enfance, voire l’intensité des défis normaux de chaque stade du développement, est liée au tempérament, plus spécifiquement à la sensibilité de l’enfant.
Les parents d’enfants hautement sensibles vont rapidement se reconnaître :
«Ma petite ne peut pas tolérer les étiquettes sur ses vêtements.»
«Mon petit hurle lorsqu’il y a beaucoup de bruit au magasin.»
«Ma petite bouche ses oreilles s’il y a trop de stimuli ou ferme ses yeux.»
«Mes deux enfants sont si différents : Un des deux est si intense, il est toujours en crise et ses crises sont si longues!»
Pour nos enfants si sensibles, les sons deviennent des bruits assourdissants, le toucher peut faire mal, les caresses pénètrent leur cœur et le rejet semble briser leur âme.
L’hypersensibilité est définie comme étant une réception accentuée du monde par les sens : comme si le cerveau des personnes sensibles ne parvient pas à filtrer suffisamment tout ce qui se passe autour. Les recherches suggèrent que près de 15 à 20% des enfants sont hypersensibles. La sensibilité se retrouve sur un continuum et peut être vécue différemment d’un enfant à l’autre. Et cette sensibilité influence la façon de percevoir le monde, elle influence l’expérience de vivre dans ce monde.
La sensibilité de notre enfant joue un rôle important dans la façon dont il ressent la frustration de même que dans sa capacité à s’adapter. Plus concrètement, chez les enfants émotionnellement très sensibles, on peut observer de plus fortes crises et ce pour plus longtemps (jusqu’à l’âge de 7 à 9 ans). En fait, cette sensibilité ralentit la capacité de ressentir deux émotions à la fois qui, elle, est responsable des comportements tant souhaités tels que l’autorégulation des émotions et l’empathie véritable (le fait de considérer autrui tout en se considérant).
Si tu es un parent d’enfant sensible, sache que nous comprenons réellement ta fatigue, ta charge et tes craintes car ce n’est pas évident. Mais crois en la nature car la patience et la bienveillance sont d’autant plus nécessaires.
L’image utilisée par l’expert développemental Thomas Boyce (MD, pédiatre) pour illustrer nos enfants hautement sensibles est celle qui nous semble la plus aidante : il utilise le pissenlit et l’orchidée pour expliquer les deux extrémités du continuum de la sensibilité chez les êtres humains.
D’un côté, on peut voir le pissenlit survivre, voire même pousser dans des conditions beaucoup plus difficiles. Le pissenlit semble résilient : le manque d’eau ou la chaleur élevée ne l’arrêtera pas de pousser au travers du ciment! L’enfant pissenlit peut plus facilement grandir dans des conditions moins optimales et certains événements plus difficiles semblent moins les affecter que l’enfant orchidée.
De l’autre côté, il y a cette fragile orchidée. Cher parent, as-tu déjà connu l’expérience de faire pousser une orchidée? Si oui, tu comprends que cette plante a besoin d’un environnement et des conditions optimales pour fleurir. Un peu trop d’eau ou un peu trop de soleil l’affecte… grandement. Et tout comme cette plante, nos enfants sensibles ont aussi besoin de grands soins pour fleurir, grandir et s’épanouir.
Lorsqu’on offre ces conditions, nos petites orchidées se développent de façon spectaculaire. Mais en absence de ces conditions, la santé émotionnelle et physique peut réellement être atteinte.
Rappelons-nous que le pissenlit et l’orchidée représentent les deux pôles du continuum : nos enfants peuvent se situer n’importe où entre les deux.
Ainsi, voici des conditions favorables au développement du plein potentiel de nos petites orchidées (et de tous nos enfants, ultimement) :
Offrir une relation sécurisante dans laquelle notre enfant se sentira vu, apaisé et au repos
En tant que parent, nous devons prendre le lead. Accueillons nos enfants sensibles avec leurs particularités en nous éloignant des messages subtils qui peuvent les blesser. Leurs émotions ne sont pas TROP grosses, leurs réactions ne sont pas TROP intenses : leurs émotions sont comme elles sont. Nos enfants orchidées n’essaient pas de nous rendre la vie difficile… s’ils réagissent fortement c’est qu’ils sont en train de vivre un moment difficile.
Évitons également les interventions qui engendrent l’isolement, l’exclusion, la honte et la culpabilité en privilégiant des interventions de connexion. Remplissons leurs réservoirs affectifs en leur offrant PLUS d’affection que ce qu’ils nous demandent.
Créer un espace pour l’expression des émotions
En tant que parent, nous devons permettre la crise et inviter leurs pleurs. Nos enfants orchidées sont en effet plus facilement remués par leurs émotions et ils ont aussi davantage besoin de les ressentir avant de pouvoir les mélanger et ainsi se tempérer (Gordon Neufeld, PhD). La tempérance est la capacité de ressentir la frustration et, en même temps, ressentir l’empathie ou la pensée de ne pas vouloir faire mal. «Ma soeur me fâche tellement et, en même temps, je ne souhaite pas la blesser.»
L’expression des émotions peut se faire à l’intérieur de la relation parent-enfant et également sous la forme de jeu. La danse, le chant, les sports, le théâtre permettent le mouvement émotif interne nécessaire à leur maturation. Permettons-leur de jouer librement dans un espace où ils sont déconnectés d’un objectif à atteindre, où ils sont libérés du mode travail.
Avoir confiance en la nature et notre pouvoir de parent
Avoir un enfant orchidée peut par moment être est difficile, intense, voire essoufflant. Et lorsque nous sommes nous-même un parent avec un tempérament sensible, nos responsabilités peuvent nous paraître si grandes et lourdes à porter par saison.
Dans les moments difficiles, il devient nécessaire de se rappeler que nous sommes le best bet, la meilleure réponse, pour que notre enfant grandisse et s’épanouisse pleinement. Ce rappel pourra nous aider à puiser dans notre propre courage pour continuer à être présent pour eux et à être présent pour nous-même.
Pour terminer, gardons en tête que cette sensibilité est à la racine de plusieurs dons tels que la passion, la créativité, la compassion, la mémoire. Nos petites orchidées deviennent éventuellement de grandes orchidées et elles font partie des personnes qui nous lead, qui nous guérissent, qui nous touchent et qui… changent le monde!
Krysta Letto, M.Sc.
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